L’Aïkiryu (de même que l’aïkido dont il est issu) peut-il être une méthode d’auto-défense ?  
Oui incontestablement.

Notre art est martial et c’est dans l’exercice de sa pratique qu’il peut prouver également toute son efficacité dans le but très restrictif de la self défense.

L’aïkiryu développe des qualités spécifiques très fortes.

L’adaptabilité

La pratique répétée de randoris, d’attaques multiples avec des partenaires chaque fois renouvelés accoutume le pratiquant à affronter des situations non prévues et à trouver le geste juste au moment juste.

La gestion du stress

Être exposé au sein d’un dojo au regard de l’autre (« des autres ») oblige le pratiquant à s’accepter, à éradiquer sa peur d’être, d’exister. Les passages de grades nous entraînent à lutter contre l’effet de sidération qui nous immobilise et nous anéanti dans une situation de conflit non prévue. 

La maîtrise de la peur

La confrontation répétée avec des pratiquants (ukés) différents, de tailles, de corpulences, de sexes, d’âges différents facilite l’acceptation d’un corps étranger dans notre proximité immédiate.  L’échange nous familiarise avec cette présence dans notre périmètre de confiance. La peur de l’autre s’estompe peu à peu.

Le contrôle de la respiration

Notre pratique est riche grâce notamment à notre pratique interne (le taïso) et la méditation favorisant l’expire et l’inspire profond. C’est la maîtrise de notre respiration qui apaise le corps et le mental lors de situations tendues. 

La garde

La garde (kamae ) en aikiryu est fondamentale. Elle est partie intégrante de la pratique. La position de profil est reconnue et pratiquée dans de nombreuses activités martiales.   Elle a pour but de préserver le pratiquant des attaques et d’y répondre de manière optimale.

La ligne d’attaque

La sortie de la ligne d’attaque qui est fondamentale dans notre pratique (taisen/kensen/josen) est la base même de toute pratique de self défense. L’esquive d’une attaque sans sortie de la ligne d’attaque est vaine.  Taisabaki ou tenken  les mouvements d’esquive, fonctionnent contre une attaque même brutale et inattendue. L’agresseur ne rencontre que du vide.

La chute

Notre pratique régulière des chutes dans toutes les variétés possibles (avant-arrière-de coté) prépare le corps et les sens. Elle permet au pratiquant de se relever sans dommage du tatami mais également et si besoin dans le cadre d’une agression.

A titre d’exemple, rappelons la scène classique du pratiquant qui trébuchant sur les marches d’un escalier ne doit son salut qu’à une chute avant (maie ukemi). Cet ukemi réalisé de manière instinctive et spontanée lui évite alors de graves dommages corporels.

Le centrage

La maîtrise de notre centre physique induit chez le pratiquant une posture. Il est présent ici et maintenant. L’aikiryuka centré est dans une posture de combattant. Sûr de lui, il impressionne. Cela participe également de la self défense. 

L’énergie

La pratique de l’aikiryu développe la manifestation de notre énergie (le kime) fondamentale dans le développement d’une technique. Cette énergie participe au renforcement de la confiance en soi et la déstabilisation d’un possible agresseur.

Les techniques

Je les cite en derniers car y recourir veut dire que l’on à échouer à éviter l’affrontement.

Les techniques proviennent de sources très anciennes du Japon et elles sont très puissantes. Elles ont été allégées pour garantir l’intégrité physique du partenaire. Elles restent présentes sous la forme de projections ou de contrôles et un pratiquant expérimenté peut les utiliser avec beaucoup d’efficacité.

L’ensemble de ces qualités et techniques unifiées seront prédominantes lors d’une confrontation. On sait que beaucoup d’agresseurs ne passent à l’acte que s’ils sont certains de la victoire. Ceux-ci seront facilement déstabilisés par l’attitude et la posture de l’aikiryuka.

L’Aikiryu n’a pas pour finalité première la self défense car ses buts sont plus élevés et nobles qu’une simple méthode de combat. Cependant, par ses caractéristiques, cet art apporte aussi les clés d’une self défense efficace. Cet art est difficile et exigeant.
Sa pratique régulière renforce l’âme et le corps qui en font des alliés efficaces et précieux dans tous les combats de la vie. 

Jacques Félix, enseignant de la F.AAGE